samedi 27 septembre 2008

iTunes, Vinvin et Erepublik

Ca remonte à je ne sais plus trop quand. 2004, à peu près. J'avais déjà entendu parler de lecteur MP3. Mais ça ne semblait pas super pratique ces machins. Je ne me voyais pas sélectionner, copier, coller 15 morceaux tous les jours...

Et puis, un jour, en septembre 2005, j'en croise un, dans une chambre. Rose, de quatrième génération, un iPod servait de livre de chevet. "Molette tactile... liste de lecture... podcast..." Podquoi ? "Emissions de radios... abonnement... enregistrement"

...
Les podcasts, c'était génial : sans les avoir ni vu, ni entendu, ils me paraissaient déjà indispensables ! Même pas obligé d'être à l'heure ou de prévoir de programmer un enregistrement pour profiter d'une émission de radio !

De retour à la maison, j'installe iTunes, évidemment, et je commence à m'abonner illico presto, en suivant le chemin iTunes Store / podcasts. Pas grand chose à se mettre sous la dent à cette époque là. Et tout était en anglais. Sauf des émissions de RTL et Europe 1, mes radios préférées (non, je déconne). A force de gratter dans tous les coins, un jour de février 2006, je tombe nez à nez avec Bonjour America. Fabuleux ! Enorme ! Un type génial - Vinvin, c'est son surnom, son pseudo, je sais pas en fait - , qui bosse en théorie dans une boîte de communication-je-ne-sais-pas-trop-quoi, trouve le temps et les ressources pour monter un show absurde, décalé, drôle et sans prétention dont le prétexte est de présenter la France aux Américains. Je suis fan et podcaste à mort !!

La fréquence de publication est soutenue : environ deux vidéos par semaine ! C'est là que je commence à décrocher de la télé quotidienne systématique. Petit à petit, le tube cathodique va perdre l'avantage. Tous les jours, je rafraîchis mon iTunes et j'attends, avec cette petite pointe d'excitation, le nouvel épisode de Bonjour America.

A la fin de son huitième épisode - où il regarde les Oscar à la télé jusqu'à 6h du matin (comment il peut faire ça ? il a pourtant une femme, des enfants et un boulot !) - je décide de suivre le lien que Vinvin cite dans son générique de fin, vers son site internet : www.bonjour-america.com . Je découvre, avec fascination, une page d'accueil super propre, claire, super bien mise en page, avec des machins dont je n'avais jamais entendu parler - "RSS ?" - des mots-clés qui servaient de liens (on dirait des tags aujourd'hui). Je suis ébahi d'admiration. Et je finis par suivre le lien intitulé "My French blog". Un blog ? Un journal intime ? Ce gars a un journal intime ? Public ? Comment ça ? Il raconte ses problèmes digestifs ? La météo ?

Non, en fait, pas du tout. Il raconte quasiment tout le reste. Ses difficultés à produire son show tout seul, son impatience, et surtout, surtout, surtout, le plaisir qu'il prend à faire tout ça.

Me voilà pris dans l'enfer des liens de ce blog, qui m'emmène chez Zazon et Thomas Clément. J'accroche carrément. La première est folle, géniale : elle assaille tout le monde dans la rue. Le second est plus tortueux, mais non moins entreprenant : il interviewe (interviouve ?) des people, des politiques, de tout en somme, mais sur le web, avec simplicité et un sens du contact rare. Le premier épisode des Tomcasts que j'ai vu était celui avec Elodie Frégé, mais j'ai surtout beaucoup accroché par la suite sur les épisodes avec Renaud, Emilie Besse, Ron l'infirmier, Quitterie Delmas, Emmanuelle Seigner, Les Plasticines, Clara Morgane (en duo avec Vinvin !),... Pour Zazon, ça commence ici.

Des Tomcasts, germeront sans mérite l'idée des Steelcasts : ne pourrais-je pas prendre tout autant de plaisir à interviewer des personnes moins connues, voire pas connues du tout, en fait ?
Bon d'accord, l'idée a mis du temps à germer. Et elle est en cours d'éclosion depuis des mois... mais la solitude, le manque de ressources et les distractions ne m'ont pas aidé :)

Une seconde branche de cette vie numérique a été la découverte d'Erepublik, jeu de simulation en ligne. L'équipe de Mobuzz.tv, qui diffuse un podcast sur Internet et ses nouveautés, m'avait mis l'eau à la bouche avec cet épisode du 23 novembre 2007. Alexis Bonte, l'un des co-fondateurs du jeu, le présente en ces termes :
"C'est pas World of Warcraft, c'est pas du flash game basique. C'est un mélange de Civilization, de Risk, sur Google Maps, avec un moteur de social networking. C'est quelque chose de nouveau, qui devrait intéresser beaucoup de monde".
Beaucoup, je ne sais pas, mais alors moi, les mots-clés étaient lachés !

Civilization ? J'y passais des nuits blanches quand j'étais étudiant !
Risk ? J'ai eu une boîte il y a 3 ans à Noël, mais personne ne veut jouer avec moi...
social networking ? Il m'a toujours paru évident que c'était la principale vertu d'internet ! Créer du lien social, ce lien qu'a dissous la société de consommation, avec ses grandes villes, ses banlieues et ses hypermarchés.

Trois jours plus tard, je m'inscris à Erepublik. Rapidement, je suis embauché chez Carrefour (certains joueurs n'ont pas trop d'imagination, on dirait), démarché par le président d'un Parti Social-Démocrate auquel j'adhère et je commence mon entraînement militaire. Sept mois plus tard, je suis Président de la République ! Entre temps, j'ai été maire de Metz, député, ministre de la défense !

C'est lors de mon passage à la Défense que j'ai vu s'organiser notre Légion Etrangère, corps d'armée de projection censé intervenir en-dehors des frontières de notre pays, en soutien de nos alliés. Les légionnaires se sont échangés, via notre forum, leurs adresses MSN - j'avais fini par oublié ce que c'était que ce machin. La dernière que j'avais dû m'en servir, c'était il y a sept ans, pour retrouver la trace d'amis d'enfance, avec qui je n'avais rapidement plus rien à dire, hélas...

Les smileys de MSN (Windows Live, en fait) sont vraiement trop moches, Manue me conseille Pidgin, qui me permet en plus de joindre d'autres joueurs, notamment le ministre de la défense espagnol, qui utilisent GTalk. Parti de zéro en avril 2008, j'ai aujourd'hui 68 contacts ! Tous connus grâce à Erepublik !!

De fil en aiguille, je découvre Skype, sorte de téléphone sur internet, qui fait même la vidéo - qui m'incite à m'équiper d'une petite webcam à microphone intégré.

Entre-temps, Vinvin est parti en Califonie pour animer la toute nouvelle plate-forme de conversation vidéo Seesmic, fondée par Loïc Lemeur.

Et, il y a quelques jours, le père de Vinvin est mort. Son post m'a ému aux larmes - c'est idiot. Je dois être trop émotif. Mais, après plus de deux ans passés à suivre ses délires sur internet, j'avais fini par m'y attacher, à mon Vinvin.

Et voilà.

Et vous, comment en êtes-vous arrivé là ?