lundi 10 mai 2010

Des marchés financiers, de l'Europe, de ton avenir.

Les bourses mondiales connaissent de très importantes variations. Les doutes liés à l'activation du plan d'aide de l'Union Européenne à la Grèce et les révision à la baisse des notes des dettes souveraines de la Grèce, de l'Espagne et du Portugal ne doivent pas y être étrangers.
L'Euro est également emporté et continue de se déprécier.
Et au passage, le Dow Jones a connu sa plus forte variation au cours d'une journée depuis sa création (-9,06%).

Les marchés ont donc jugé probable la faillite de la Grèce à terme, risquant d'entraîner celle de l'Espagne et du Portugal.

Dans le même sillage, le gouvernement français annonce son train de mesures d'austérité : gel des dépenses de l'Etat, des territoires, des dépenses sociales, rabotage des niches fiscales. L'objectif est de ramener le déficit public à 6% du PIB dès 2011 et à 3% dès 2013 (contre 7,9% en 2009 et 8,2% attendus pour 2010). Et ceci afin de revenir dans les clous du pacte de stabilité monétaire.

Dès ce lundi, l'Europe a commencé à se doter de moyens pour protéger l'Euro et autorisant la Commission à prêter 60 milliards d'Euros en son nom et en établissant un fonds de 440 milliards supplémentaires à prêter par les Etats membres qui peuvent se le permettre.

Barack Obama assure l'Europe du soutien américain, notamment au travers des interventions du FMI.

Clairement, la situation est hors de contrôle, très grave. Crise des dettes européennes, crise de l'Euro, crise de l'Europe. Les marchés ont la puissance de feu de casser l'Euro facilement. Ils ont les armes qu'il faut, ils maîtrisent les mécanismes monétaires qui peuvent détruire cet embryon d'Europe. Et ils ont de bonnes raisons de le faire. Notre malheur est que nous n'allons pas pouvoir la restaurer rapidement.

Il y a un conflit majeur entre les marchés (planétaires) et les politiques (nationaux).
Contrairement à ce que l'on pensait , pour l'instant, les marchés ont repris la main au détriment des États.

L'Europe est bancale. Depuis longtemps. Mal fichue. Sans gouvernement économique. Avec un système institutionnel mal fait. Aucun mécanisme de solidarité interne n'existe concrètement, on le voit bien avec la Grèce.
Il a fallu 6 mois à l'Europe pour répondre à la question des marchés : "Que faites-vous pour assister un État membre qui défaille ?". 6 mois. Pour l'Allemagne concède. Daigne.

Si les États européens avaient réagi plus tôt, il n'y aurait jamais eu de crise grecque.

"In war, you win or lose, live or die - and the difference is an eyelash."
- General Douglas MacArthur

Évidemment, les marchés vont tester la solidité, la profondeur de ce nouvel objet financier encore très incertain, inconnu. Et dans cette séance de tests à venir, tout est possible. Les endoscopies ne sont jamais agréables. Et les anesthésies collectives peu pratiquées.

Que faudrait-il faire ?
Le processus d'intégration est directement en cause. Depuis la création de l'Euro, il ne se passe plus rien. Les égoïsmes ont repris le dessus. Le chacun pour soi est revenu au goût du jour, l'air de rien. Les marchés l'ont compris. Ils ont commencé à exploiter cette défaillance stratégique. Nous sommes au milieu d'un gué, à découvert, prêts à nous faire traire, État après État.

Vite, il faut reprendre la marche vers l'intégration européenne. Donner des moyens à la Commission, à la Banque Européenne d'Investissement en matière d'emprunt. Jacques Delors l'avait proposé il y a vingt ans. Ce que l'Europe des Nations n'a jamais accepté.
La BCE a, dans les limites de ses compétences, été exemplaire, réactive.

Ou bien l'Europe est cassée par les marchés. Ou bien l'Europe repart - mais derrière quel leader ? Et avec quelle volonté des peuples ? Cette question est d'autant plus aiguë que les opinions ne vont pas rester indifférentes aux plans de rigueur à venir.

L'incertitude domine.
Il faudrait 600 milliards d'Euros pour éviter l'éclatement de la bulle des dettes souveraines.

Où est notre unité politique pour traiter ces questions ?
Les adversaires des étapes précédentes de la construction européenne, nous sommes en train de leur donner raison.

La construction de la Banque Européenne repose sur l'illusion que les marchés peuvent s'auto-réguler, en l'absence de tout contrôle politique qui assure que la croissance générée permette de compenser à terme la dette contractée.

Notre avenir dépend de notre capacité à rompre avec nos habitudes.
Ce message s'adresse surtout à nos amis d'Outre-Rhin dont les responsables politiques n'assument pas les choix politiques monétaires passés.

Peut-on dans cette période poser la question de savoir comment sortir un pays de la zone Euro ?
Le discours allemand sur la "punition" des Grecs était surréaliste. La responsabilité de l'Allemagne est importante.
La raison seule ne nous protégera des marchés. 43% des exportations de l'Allemagne sont tournées vers la zone Euro. Qui sont les PIGS ?

Entre les États-Unis, qui reprennent la route de la croissance et recréent des emplois, et l'Asie-Chine, impériale et conquérante, l'Europe découvre son déclin.

Où est l'Europe politique ? Où est notre destinée commune ? Quelle est le point de convergence ?

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